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Simone Veil

Simone Jacob épouse Veil, née le 13 juillet 1927 à Nice (Alpes-Maritimes), est une femme politique française.

Rescapée de la Shoah, elle entre dans la magistrature comme haut fonctionnaire jusqu'à sa nomination comme ministre de la Santé, en mai 1974. À ce poste, elle fait notamment adopter la « loi Veil », promulguée le 17 janvier 1975, qui dépénalise le recours par une femme à l'interruption volontaire de grossesse.

De 1979 à 1982, elle est la première femme à présider le Parlement européen élu au suffrage universel. Elle est ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Édouard Balladur, puis siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Élue à l'Académie française, elle est reçue sous la Coupole le 18 mars 2010.

 

Enfance

Le 22 mai 1922, son père André Jacob épouse Yvonne Steinmetz, dans le 9e arrondissement de Paris. Il quitte la capitale pour Nice deux ans plus tard.

Simone Jacob est la benjamine d'une famille de quatre enfants (Madeleine, Jean, Denise et Simone), dont trois survivront à la Seconde Guerre mondiale (Madeleine, Denise et elle-même). Son père est un architecte qui a obtenu en 1919 le Second grand prix de Rome, tandis que sa mère s'occupe de ses enfants, ainsi que d'autres enfants dont les parents connaissent de grandes difficultés financières en raison de la crise économique des années 1930.

En 1939, l'année qui précède la déclaration de guerre, elle est en classe de 4e à Nice. L'année suivante, les enfants Jacob sont envoyés près de Carcassonne, où ils séjournent en compagnie d'un oncle et d'une tante. De retour à Nice, la famille, qui habite un appartement, subit la ségrégation progressive des lois anti-juives. Les enfants participent activement aux activités des scouts et des éclaireuses. Le danger devient manifeste à partir de septembre 1943, date de la prise de contrôle de cette zone par l’occupant allemand en remplacement des Italiens. En mars 1944, elle passe son baccalauréat.

 

Déportation

Lors d'un contrôle effectué dans la rue par deux SS, Simone Jacob, alors âgée de 16 ans et qui se fait appeler Simone Jacquier, est arrêtée le 30 mars 1944, à Nice, où elle réside chez son professeur de lettres classiques. Elle est emmenée à l'hôtel Excelsior, quartier général allemand, qui sert à cette époque de lieu de regroupement local des juifs arrêtés avant leur déportation vers l'Allemagne. Dans les heures qui suivent, le reste de sa famille, hébergée malgré les risques encourus par plusieurs couples de relations et d'amis niçois, est arrêté par la Gestapo. Sa sœur Denise, entrée à 19 ans dans un réseau de Résistance à Lyon, est arrêtée en 1944, et déportée à Ravensbrück d'où elle est revenue.

Simone transite par le camp de Drancy. Son père et son frère Jean sont déportés en Lituanie par le convoi 73. Simone Veil ne les a jamais revus. Le 13 avril 1944, soit deux semaines après leur arrestation, Simone, sa mère et sa sœur Madeleine sont envoyées de Drancy (convoi no 71) à destination d'Auschwitz-Birkenau, un des camps d'extermination nazis, où elles arrivent le 15 avril au soir. Un prisonnier parlant français lui conseille de se dire âgée de plus de 18 ans pour passer la sélection et éviter l'extermination. Elle reçoit le matricule 78651 qui lui est tatoué sur le bras. Le travail forcé consiste alors à « décharger des camions d'énormes pierres » et « à creuser des tranchées et aplanir le sol ».

En juillet 1944, avec sa mère et sa sœur, elle est transférée à Bobrek, à cinq kilomètres de Birkenau. Peu avant la libération du camp d'Auschwitz le 27 janvier 1945, les Allemands emmènent leurs prisonniers dans la marche de la mort jusqu'au camp de Bergen-Belsen où elle travaille à la cuisine. Sa mère meurt du typhus le 15 mars 1945. Sa sœur Madeleine, atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des Alliés.

Bergen-Belsen est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945. Elle est de retour en France le 23 mai suivant. Simone, Madeleine et son autre sœur Denise (engagée dans la Résistance) sont les seules survivantes de la famille, puisque leur père, leur mère et leur frère ne sont pas revenus des camps. Madeleine meurt avec son fils Luc en 1952, à la suite d'un accident de voiture, alors qu'elle rentrait de Stuttgart, où elle était allée rendre visite à Simone.

 

Études et carrière juridique

Seule de toute l'Académie à avoir passé et obtenu son baccalauréat en mars 1944, la veille de son arrestation, elle s'inscrit, en 1945, à la faculté de droit et à l'Institut d'études politiques de Paris, où elle rencontre Antoine Veil (1926-2013), futur inspecteur des finances et chef d'entreprises, qu'elle épouse le 26 octobre 1946. Ils ont trois fils, Jean, avocat d'affaires (né en 1947), Claude-Nicolas (1948-2002), Pierre-François, avocat (né en 1954), et plusieurs petits-enfants.

Munie de sa licence de droit et de son diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris, elle renonce à la carrière d'avocate et passe avec succès, en 1956, le concours de la magistrature. Elle occupe dès lors un poste de haut fonctionnaire dans l'administration pénitentiaire au ministère de la Justice, où elle s'occupe des affaires judiciaires, qu'elle délaisse en 1964 pour les affaires civiles. En 1970, elle devient secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

 

Carrière politique

Dans ses mémoires, Simone Veil mentionne une action politique de sa part dès 1971 au conseil d'administration de l'Office de radiodiffusion télévision française (ORTF). À ce poste, elle surprend en s'opposant notamment à la diffusion du documentaire sur la Seconde Guerre mondiale Le Chagrin et la Pitié, qu'elle juge trop réducteur par rapport à la réalité de l'époque.

 

Ministre de la Santé

À la suite de la mort en cours de mandat du président Pompidou, elle soutient la candidature de Jacques Chaban-Delmas à l'élection présidentielle anticipée. Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, elle est nommée ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac, poste qu'elle conserve sous les gouvernements Raymond Barre.

Elle est chargée de présenter au Parlement le projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), qui dépénalise l'avortement. Ce combat lui vaut des attaques et des menaces de la part de l'extrême-droite et d'une partie de la droite parlementaire, comme l'a rappelé Jean d'Ormesson en l'accueillant à l'Académie française. Le texte est finalement adopté à l'Assemblée nationale le 29 novembre 1974, avec le soutien de la gauche et d'une courte majorité des députés de droite, puis au Sénat deux semaines plus tard. La loi entre en vigueur le 17 janvier 1975.

Elle revoit également la « carte hospitalière » en fermant notamment des établissements à trop faible activité, rééquilibre les comptes de l'Institut Pasteur et met en place des aides financières à destination des mères d'enfants en bas âge.

 

Au Parlement européen

À la demande du président Valéry Giscard d'Estaing, elle conduit la liste Union pour la démocratie française (UDF) aux élections européennes de 1979, les premières au suffrage universel. À la suite de la victoire relative de l'UDF (27,61 % des suffrages et 25 élus), elle quitte le gouvernement.

Le 17 juillet 1979, alors que les députés RPR français ont soutenu une autre candidature que la sienne aux deux premier tours de scrutin, elle est élue présidente du Parlement européen au troisième tour, avec 192 voix, contre 133 au socialiste Mario Zagari et 47 au communiste Giorgio Amendola. Au début de l'année 1982, elle est sollicitée pour briguer un second mandat, mais ne bénéficiant pas du soutien des députés RPR, elle retire sa candidature avant le troisième tour de scrutin afin de ne pas faciliter l'élection du candidat socialiste, qui l'emportera néanmoins grâce aux divisions de la droite française.

Avec Jacques Chirac, elle impose à l'opposition une liste unique aux élections européennes de 1984. La liste qu'elle conduit obtient 43,02 % des voix et 41 sièges de députés européens le 17 juin. Elle préside alors le groupe libéral au Parlement européen pendant toute la législature. Lors des élections européennes de 1989, elle présente une liste centriste distincte de la liste d'union RPR/UDF : celle-ci recueille 8,43 % des voix et sept députés européens.

 

Opposition aux gouvernements de gauche

Lors des élections législatives de 1988, alors que certaines personnalités de l'UDF, notamment Jean-Claude Gaudin à Marseille, passent des accords de désistements locaux avec le FN et que Pasqua (RPR) évoque des « préoccupations » et des « valeurs » semblables, Veil déclare qu'« entre un Front national et un socialiste, [elle votera] pour un socialiste ».

Début 1990, elle qualifie d’« inadmissible » la création de fichiers informatisés des Renseignements généraux, décidée par le gouvernement Michel Rocard. Le projet est retiré en mars 1990 et promulgué, sous une forme nouvelle, par le gouvernement Cresson l'année suivante.

 

Ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

En mars 1993, Simone Veil est nommée ministre d'État, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement dirigé par Édouard Balladur. À ce poste, elle met notamment en place le praticien adjoint contractuel (PAC). Soutien d'Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, elle quitte le gouvernement à la suite de la victoire de Jacques Chirac. Elle adhère ensuite à l'UDF, qu'elle quitte deux ans plus tard.

 

Membre du Conseil constitutionnel

Nommée membre du Conseil constitutionnel par le président du Sénat, René Monory, en mars 1998, elle fait partie de la haute juridiction jusqu'en mars 2007. Elle sort de son devoir de réserve en 2005, pour appeler à voter « oui » au référendum sur la Constitution européenne.

 

Retrait progressif de la vie politique

Le 8 mars 2007, tout juste libérée de son devoir de réserve lié à son mandat de membre du Conseil constitutionnel, elle annonce sa décision de soutenir Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007. Toutefois, cela ne l’empêche pas de garder sa liberté de jugement et, à l’annonce de la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale par le candidat de l’UMP au cas où il serait élu, elle répond qu’elle aurait préféré un ministère « de l’Immigration et de l'Intégration ». Son soutien à Nicolas Sarkozy n’est toutefois pas remis en cause : « Nicolas est gentil. Il peut être brutal dans son expression, mais les gens ont tort de douter de son humanité. C’est un ami fidèle. Pour moi, c’est important. Quand on choisit un président, on a envie de quelqu’un qui ait ces qualités-là. Ce n’est pas toujours le cas. » Elle adresse par ailleurs de nombreuses critiques au candidat UDF, François Bayrou, l’accusant de ne représenter « que lui-même ».

Le 11 janvier 2008, le président de la République, Nicolas Sarkozy, annonce qu’il l’a chargée de « mener un grand débat national pour définir les nouveaux principes fondamentaux nécessaires à notre temps, les inscrire dans le préambule de la Constitution », nommant la « diversité » qui « ne peut pas se faire sur une base ethnique ». Le décret du 9 avril 2008 portant création d’un comité de réflexion sur le préambule de la Constitution, qui prévoit la remise d’un rapport avant le 30 juin, suscite l’opposition d’Anne-Marie Le Pourhiet, qui y voit un risque de « saper le principe d’égalité de tous devant la loi ».

De 2000 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle est par la suite présidente d'honneur. Elle s'oppose, le 15 février 2008, à l’idée de confier la mémoire d’un enfant juif de France mort dans la shoah à chaque élève de CM2 : « C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste ».

Le 1er janvier 2009, elle est promue directement à la distinction de Grand officier de la Légion d'honneur. Selon Le Figaro, c'est à la demande expresse de Roselyne Bachelot et avec l'accord de Nicolas Sarkozy, que le Code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire a été modifié, quelques semaines avant la promotion de Simone Veil, afin de lui permettre d'accéder directement à cette distinction sans passer par les grades inférieurs, distinction qu'elle avait refusée dans les années 1990 pour raisons personnelles. Depuis 2009, Simone Veil est également membre du jury du Prix pour la prévention des conflits, décerné annuellement par la Fondation Chirac. Elle reçoit le Prix Heinrich Heine 2010.

Un sondage réalisé par l'Ifop en 2010 la présente comme « femme préférée des Français » .

Proche de la famille centriste, Simone Veil est présente aux côtés de Jean Louis Borloo lors du congrès fondateur de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), en octobre 2012. Le 25 novembre 2012, est présentée la première carte adhérent de l'UDI, qui est au nom de Simone Veil.

 

Membre de l'Académie française

Le 31 octobre 2007 est éditée son autobiographie, intitulée Une vie. L’ouvrage a été traduit en une quinzaine de langues et vendu, en France, à plus de 550 000 exemplaires. Il a obtenu le Prix des Lauriers Verts en 2009. Elle y donne entre autres son opinion sur Paul Touvier, dont elle dit que Georges Pompidou ne connaissait pas assez bien le dossier, et sur Maurice Papon, dont elle note l'absence du moindre remords, y compris pour la mort d’enfants déportés.

Une autre reconnaissance de son action publique est son élection parmi les « Immortels ». Le 9 octobre 2008, invitée par Maurice Druon et François Jacob37, Simone Veil présente sa candidature à l'Académie française au fauteuil de Pierre Messmer, qui fut également celui de Jean Racine et de Paul Claudel. Le 20 novembre 2008, elle est élue au premier tour de scrutin par 22 voix sur 29 (5 blancs, 2 marqués d'une croix).

Simone Veil est reçue sous la Coupole le 18 mars 2010, en présence du président de la République Nicolas Sarkozy, protecteur de l'Académie, et de ses prédécesseurs Valéry Giscard d'Estaing (membre de l'Académie française depuis 2003) et Jacques Chirac. Sur son épée d'Immortelle est gravé le numéro matricule qui avait été inscrit sur son bras à Auschwitz [numéro 78651], ainsi que les devises de la République française et de l'Union européenne : « liberté, égalité, fraternité » et « unis dans la diversité ».

Jean d'Ormesson prononce le discours de réception, et Simone Veil l'éloge de son prédécesseur, l'ancien Premier ministre Pierre Messmer.

 

 

D'après Wikipédia

Valbonne Sophia Antipolis

Lycée Simone Veil

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